Le 27 janvier 1663, Paul Chomedey de Maisonneuve crée sa première milice de 120 hommes. Davantage occupée à surveiller l’ennemi qui menace les paysans dispersés sur leurs terres à l’extérieur des murs de Ville-Marie, la centaine de volontaires n’a pas pour responsabilité première de réprimer le crime ni de faire respecter les édits royaux.
Tout au long du premier siècle de l’histoire de Montréal, diverses milices civiles se succèdent. Parfois gardiens de la paix, parfois veilleurs de nuit, les miliciens ont d’autant moins le temps de s’occuper du maintien de l’ordre que la ville est en guerre, d’ailleurs occupée à partir de 1763. Quand on crée la charge d’officier de la paix en 1787, le titulaire doit, selon les documents d’époque « … servir pendant une année sans rétribution et sous peine d’une amende de cent livres pour faillite préméditée au service ».
Au fur et à mesure que la ville grandit et que les commerces prospèrent, les pilleurs apparaissent, surtout la nuit. Pour assurer la sécurité de leurs boutiques, les marchands exigent la création d’un corps de guet de 22 « watchmen ». Moitié crieurs, moitié lampistes, ils patrouillent de 19 heures à 5 heures. Munis d’une crécelle qu’ils agitent pour avertir leurs collègues de leur présence, ils crient les heures et les demi-heures en lançant dans la nuit « All is well! ». Et c’est ainsi que les premiers vrais patrouilleurs de Montréal ont été surnommés les bazouelles.
Le 15 mars 1843, la Ville de Montréal est née. Le 15 juin de la même année, le nouveau conseil municipal nomme le premier inspecteur de police, Alex Comeau. Alors que la ville est subdivisée en deux districts, on crée la fonction de quartenier, précurseur de la police de quartier.
Mais on ne peut pas encore parler de police municipale. C’est en 1836 qu’une ordonnance royale demande « d’établir un système de police effectif dans les Corporations de Montréal et de Québec et d’y organiser les bureaux de la police qui agit sous l’autorité du secrétaire civil du gouverneur de la province du Bas-Canada ». C’est donc une police provinciale qui a d’abord été créée pour veiller sur la métropole. En 1849, ces 122 hommes armés de mousquetons ont fait face à l’incendie du Parlement de l’Union. Le régime de la loi martiale est une fois de plus imposé et la sécurité publique relève encore des autorités militaires.
Le 10 mai 1865, le service change de nom pour le « Département de la police de Montréal ». Sept chefs de police se sont succédés depuis 1843. Le gouverneur du Bas-Canada autorise la Corporation de Montréal à « armer, vêtir, loger et payer » ses officiers et agents de police.
La ville engage « des constables robustes et capables qui seront armés à la discrétion du comité de police, de fusils ou mousquets légers, de baïonnettes et de revolvers ou toutes autres armes que le comité de police pourra choisir, dont ils ne devront se servir que dans des cas d’extrême nécessité ».
Pour suivre la croissance de la population de la ville, la police de Montréal doit embaucher des constables « occasionnels » qui serviront par période de trois mois.
Entre 1903 et 1913, la population est en continuelle expansion, et, graduellement, de nouvelles collectivités prennent naissance en banlieue. Les effectifs policiers suivent aussi cette expansion et le nombre de policiers passe de 467 à 890. De plus, désireuse d’étendre son territoire et de rentabiliser ses services, Montréal doublera son territoire entre 1908 et 1918 en annexant des municipalités et des territoires. En 1918, la population de la Cité de Montréal est de 606 000 âmes et on y compte 33 postes de police.
En avril 1909, l’administration municipale fait face à la première commission royale d’enquête de son histoire. Tous les services de la ville demandent alors une réorganisation qui sera confiée à un Bureau des commissaires. Un nouveau service de la Sûreté publique s’attaque en particulier à la modernisation de la police municipale. Il ne s’agit plus seulement de patrouiller et de « courir après les voleurs ». Une escouade de la moralité en 1909, des voitures et une première ambulance en 1914, de nouvelles sections « Meurtres », « Vol à main armée », « Délits majeurs », une escouade des narcotiques, des vestes pare-balles pour les détectives : les services de police sont de plus en plus spécialisés et de mieux en mieux équipés.
Dans l’entre-deux-guerres, on termine à Montréal la constitution d’un grand service moderne de police avec le lancement de la « Radio police de Montréal », la création d’une escouade « antisubversive », la mise sur pied d’une escouade de frappe et la création d’une section de la circulation équipée de motocyclettes. En 1947, on embauche une vingtaine de femmes qui sont affectées à la nouvelle escouade de la Moralité juvénile. Cette fois, ces femmes demeureront au service de police, contrairement aux quatre femmes embauchées en 1918 pour être mises à pied quelques mois plus tard. Dans les années 1960, pendant lesquelles Montréal et les banlieues sont desservies par quelque 5000 policiers et jusqu’à ce que le Service de police de Montréal et les autres services de police fassent place au Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM), les discussions se poursuivent sur le regroupement des effectifs policiers de l’ensemble de l’île.
Le 1er janvier 1972, le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal voit le jour, alors que les forces policières de l’île de Montréal sont intégrées au sein d’une seule organisation. C’est toute une histoire qui commence pour les 5239 policiers, les 595 employés civils et les 459 préposés aux traverses d’écoliers répartis dans les 39 districts du territoire de la Communauté urbaine de Montréal. Une histoire qui les conduira, un quart de siècle plus tard, à inscrire sur l’insigne des policiers une devise qui est aussi un ordre de mission : « Ensemble pour mieux servir ».
En 1995, le SPCUM adopte son nouveau modèle de police, la Police de quartier. Visant à mieux contrer les problèmes de sécurité en émergence, ce modèle vise à se rapprocher de la communauté en s'appuyant sur une approche de résolution de problèmes, sur l'établissement de partenariats et sur une plus grande ouverture envers les collectivités. En 1996 et 1997, les 24 districts de Montréal deviennent 49 postes de quartier (PDQ), pour être ensuite graduellement consolidés, au fil des ans, à 29 postes de quartier.
Le 1er janvier 2002, le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM) devient le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
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