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Brigade des espaces publics | « Trouver la bonne ressource pour la personne prête à aller de l’avant »

À vélo ou à pied, la vingtaine de patrouilleurs de la Brigade des espaces publics (BEP) sillonnent le centre-ville et le Sud-Ouest de Montréal depuis mai dernier. Leur mandat : assurer une cohabitation harmonieuse entre les différents usagers des espaces publics. Jolyane Bonneau (JB), sergente en fonction supérieure, Loïc Nadal (LN) et Cédric Lafrenière (CL), patrouilleurs à vélo, ont accepté de partager leur expérience au sein de cette nouvelle équipe.

La BEP : une nouvelle approche, vraiment?

CL : « J’aborde toujours une personne en situation d’itinérance en lui demandant si elle a des papiers d’identité. Cela lui fait peur jusqu’à ce que je lui explique que je suis là pour l’aider. Si elle n’a pas de papiers d’identité, elle peut se les procurer pour 2,50 $ le mardi au CLSC des Faubourgs. Quand la personne comprend que je suis là pour l’aider, ça change complètement la relation. »

Les patrouilleurs de la BEP côtoient au quotidien des personnes vulnérables, en situation d’itinérance, en crise ou avec l’état mental perturbé. Leurs interventions ciblent davantage une réponse opérationnelle humaine axée sur la relation d’aide et sur la résolution de problème. Ces policiers travaillent en complémentarité avec des partenaires du réseau de la santé et des services sociaux ainsi que du milieu communautaire.

LN : « Au sein de la BEP, nos interventions sont plus de nature sociocommunautaire que répressive. La répression arrive en dernier recours. Si la personne a un comportement répréhensible, on lui donne un ou des avertissements. Si elle ne coopère pas, on peut lui émettre un constat, l’arrêter ou la transporter à l’hôpital, selon le cas. Si elle est en crise, (…) on peut aussi appeler Urgence psychosociale-justice (UPS-J). »

À pied et à vélo : qu’est-ce que ça change?

Pour les policiers de la BEP, il est important de répondre aux besoins immédiats de leur clientèle en prenant le temps d’établir un contact, de l’écouter et de trouver des solutions pour la diriger ou l’accompagner vers les bonnes ressources.

JB : « À vélo, on va dans des endroits qui ne sont pas accessibles en autopatrouille. (…) On a plus de temps pour parler avec les personnes rencontrées que si l’on répondait aux appels. On a plus de proximité avec les citoyens. Ils nous donnent beaucoup d’information. L’autopatrouille peut être un obstacle entre les policiers et les citoyens. »

Quels sont les défis sur le terrain?

Les organismes et partenaires se passent déjà le mot : les policiers de la BEP font une différence. Cependant, il y a encore une méconnaissance de leur travail.

LN : « Lorsqu’un policier de la BEP intervient auprès d’une personne en difficulté, les citoyens présument qu’il est là juste pour faire de la répression même s’il fait de la relation d’aide en réalité. Certains vont émettre des commentaires, filmer la scène ou poser d’autres gestes de désapprobation. C’est une forme de violence que l’on vit quotidiennement. »

Œuvrer au sein de la BEP exige de la patience. Les policiers doivent intervenir de façon continue auprès des mêmes personnes qui, elles, cheminent à leur rythme.

LN : « C’est un travail à long terme, répétitif. Il faut plusieurs interventions et références à des ressources avant que certaines personnes vulnérables prennent conscience qu’elles ont besoin d’aide. »

Votre plus belle récompense au travail…

Au sein de la Brigade, l’enthousiasme est palpable.

JB : « C’est d’être capable de trouver la bonne ressource pour la personne prête à aller de l’avant (…) Par exemple, un jeune itinérant âgé de 30 ans nous a dit qu’il n’en pouvait plus d’être dans la rue et qu’il cherchait un logement. Nous l’avons mis en lien avec des ressources. Lorsque nous l’avons revu, il était de retour à l’école et avait un logement. »

LN : « Le fait de connaître les gens et leur histoire, savoir où ils sont rendus et comment ils en sont arrivés là me donne de la satisfaction. On revoit ces personnes; on vérifie si elles ont entrepris les démarches suggérées. On fait un suivi ponctuel, mais constant avec elles. Le côté positif, c’est d’aider quelqu’un qui veut être aidé. On diminue le nombre d’arrestations lorsqu’on aide ces personnes. »

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